La Peugeot 404 berline a été présentée en mai 1960 : elle avait vocation à prendre la succession de la 403 mais, contrairement à son aînée, elle se plaçait dans la catégorie des 9 cv (1,6 L). Elle témoignait, notamment, de l’amélioration du niveau de vie des français et donc de la qualité de la gamme du Lion.
Le renouveau de la marque au Lion
La 404 s’imposa immédiatement comme un succès commercial immense : elle fut la 1ère Peugeot produite à plus d’un million d’exemplaires et resta plus de 15 ans dans le paysage automobile français.
En réalité, la 404 fut étudiée dès le lancement de la 403, en 1955, chose rare pour la marque au Lion, réputée conservatrice. Cette engouement fut particulièrement stimulé par la sortie de la nouvelle Citroën : la DS, automobile révolutionnaire à l’époque, singulièrement car elle démodait toutes ses rivales.
Ainsi, le bureau d’études de Peugeot eut une liberté inédite dans les recherches pour la nouvelle série 4 : suspensions hydrauliques, moteur V8 ou encore freinage assisté. Ces ambitions furent cependant revues à la baisse lorsque Peugeot constata que ses clients lui restaient fidèles et ne s’engouffraient pas tête baissée dans l’achat d’une Citroën.
La 404 fut toutefois l’occasion pour Peugeot de faire preuve d’une certaine audace en dotant la 404 d’un système à injection, une grande première pour une berline de grande diffusion et surtout de moins de 2 l. A cette époque, très peu de constructeurs toute gamme se lançaient dans l’injection sur ce type de modèle et Peugeot a alors été l’un des premiers constructeurs après Mercedes à y croire. D’origine allemande, cette injection mécanique indirecte Kugelfischer procura à la 404 non seulement une quinzaine de chevaux supplémentaires, une souplesse accrue mais aussi une consommation moindre à bonne vitesse.
La succession de la 403
Le moteur de la 404 était un dérivé du moteur de la 403 ; cependant, il s’en distinguait à différents niveaux. Ainsi, le moteur, incliné vers la droite d’environ 45°, avait été renforcé au niveau de l’embiellage et du vilebrequin, la culasse disposait de chambres de combustion en forme de calotte sphérique décalée, la boîte de vitesses proposait un quatrième rapport et la suspension était composée de 4 ressorts hélicoïdaux et non plus d’un seul ressort transversal à lame utilisé depuis la 201. Cependant, le moteur resta somme toute classique avec un 4 cylindres et une transmission aux roues arrières. A noter que les suspensions étaient souples afin de procurer plus de confort aux passagers. Quant à la tenue de route, la 404 se couchait beaucoup en virage mais son train avant tenace la fixait au sol avant que les Michelin XAS, au profil asymétrique, jettent l’éponge.
En terme de puissance, le moteur de la 404 affichait une cylindrée de 1 618 cc et une puissance de 72 ch, pour une vitesse de 142 km/h maximum et un poids total de 1 100 kg. Par ailleurs, avec le système à injection, la 404 pouvait développer une puissance de 96 ch avec des pointes avoisinant les 160 km/h. Elle s’imposa alors comme la rivale la plus sérieuse de la DS.
Au niveau esthétique, la nouvelle Peugeot 404 a été stylisée par Pinin Farina qui laissa les rondeurs de la 403 pour s’inspirer du style américain et de ses anciennes conception telles l’Austin Cambridge ou encore la Fiat 2300, pour lui concevoir une ligne orthogonale et prolongée par des ailerons. En outre, la 404 étaient dotée de 2 éléments en vogue aux USA à l’époque : un pare-brise panoramique (avec retour sur les côtés) et l’aileron arrière. Avec la 404, la collaboration de Sochaux et de Pinin Farina, initiée avec la 403, est alors entérinée. En outre, c’est le travail de Pinin Farina lui-même qui a été abouti avec cette 404, dont la sobriété et l’homogénéité dépassait largement celle de ses aînées.
Côté intérieur, la 404 séduisait beaucoup par son habitacle clair, le mobilier de qualité (plus de métal que de plastique), les sièges moelleux (tissus pour les versions classiques, cuir pour la SL)…
Les vitres de la 404 restèrent plates, alors qu’elles seront bombées à partir de la 504, et leur surface a été agrandie en comparaison à la 403 grâce aux entourages de vitres fins et plats (retrouvés sur toutes les Peugeot jusqu’à la 305) mais également à la suppression des déflecteurs de portes avant (suite à l’accident léthal du cascadeur Gil Delamare sur le tournage d’un film en 1966) ; ils ont d’ailleurs été remplacés par des aérateurs latéraux dans le tableau de bord.
La direction était agréable et il est remarquable que le volant, relativement grand, était décalé légèrement sur la gauche, proposant donc une conduite décentrée.
Un succès commercial
L’image de marque véhiculée par la 404 et les ambitions de Peugeot y afférant, fut renforcée par la mise au point d’un modèle coupé et cabriolet, à nouveau dessiné par le transalpin. Ces deux autres versions se distinguèrent plus pour leur sobriété et leur élégance que pour leurs performances. En effet, la version cabriolet, présentée au salon de Paris en 1961, atteignait les 148 km/h maximum, puis, en mars 1962, avec le moteur à injection, l’automobile pouvait atteindre 158 km/h avec une puissance à 85 ch. Cette même année et l’année suivante, les modèles plus économiques (diesel) furent présentés de même que les versions bas de gamme :
- La familiale 7 places essence : 1 618 cc, 72 ch
- La familiale 7 places diesel : 1 816 cc, 55 ch, 110 km/h maximum
- La commerciale essence ou diesel : 1 468 cc, 66 ch, 125 km/h maximum
- La berline à moteur diesel : 1948 cc, 68 ch, 130 km/h maximum
L’année 1965 vit apparaître des breaks diesel avec une cylindrée de 1 948 cc.
La variété des modèles entraîna la variété des équipements : absence de lave-glace pour les premières commerciales, sellerie en cuir sur les derniers cabriolets, ou encore projecteurs additionnels et levier de vitesses au plancher.
Durant ces quinze années de production, l’esthétique de la 404 évolua : les premiers modèles étaient reconnaissables grâce à leurs feux de position latéraux bombés à l’instar de la 403, aux entourages de vitres chromés ou encore aux jantes peintes en accord avec la peinture de la carosserie. Par ailleurs, les pare-chocs furent garnis progressivement de caoutchouc, l’intérieur de plus en plus rembourrés aux endroits saillants afin de renforcer la sécurité passive… En 1968, la 404 fut dotée d’une grille de commande européenne avec la 1ere en bas, ce dont ne disposaient pas les modèles des années précédentes.
En outre, écoutant les critiques concernant le système de freinage, Peugeot résolut dans un premier temps le problème avec des freins assistés thermostables et des jantes perforées, mais toujours insatisfaisants de part la difficulté pour les restaurer et leur efficacité moyenne ; ce n’est qu’en 1969 que le constructeur opta pour des freins avant à disques, déjà utilisés par d’autres marques. Néanmoins, la 404 diesel, surtout utilisée comme taxi, ne bénéficia pas de ces améliorations : elle garda des freins à tambours et récupéra même ses jantes non perforées en 1969 qui avaient été abandonnées quelques années plus tôt.
En 1966, la 404, vendue alors à 200 000 exemplaires, se plaça derrière la 4L sur le podium du marché français de l’automobile ; les trois années suivantes, la production continua son envolée et la 404 resta sans problème sur le marché aux côtés de la 504.
Ce n’est qu’en 1970 que la gamme fut réduite et les évolutions arrêtées ; cependant, la production fut maintenue pendant 5 années encore. Dès lors, en 1975, la chaîne de production de la 404 s’arrêta et le nombre de 404 produites, tous modèles confondus étaient de 2 885 277.
A noter que la 404 camionnette continua d’être produite jusqu’en 1979. En outre, la production continua au niveau international : ainsi, les 404 furent produites jusqu’en 1989 au Kenya dans une version utilitaire. En effet, les multiples victoires de la 404 à l’East African Safari Rallye avaient contribué au développement de la renommée de la marque en Afrique (cf. infra).
La 404 des records
L’année 1965 fut marquée par le développement d’une 404 à moteur diesel, basé sur le cabriolet, pour battre certains records du monde : ce sont 40 records que l’automobile enchaîna sur l’anneau de Montlhéry, en concurrence directe avec Mercedes Benz, entre le 4 et 14 juin :
- 5 000 km en 31 heures à 160 km/h de moyenne en juin (moteur 2 163 cm³)
- 11 000 km en 72 heures à 161 km/h de moyenne en juillet (moteur 1 948 cm³)
Voici un aperçu du palmarès de la 404 :
-East African Safari :
- 1963 : victoire Peugeot 404 (Nowicki-Cliff)
- 1966 et 1967 : victoire Peugeot 404 injection (Shankland-Rothwell).
- 1968 : victoire Peugeot 404 injection (Nowicki-Cliff).
-Ouganda Rally :
- 1962 et 1964 : victoire Peugeot 404
-1000 Miles du Tanganyika :
- 1964 : victoire Peugeot 404
- 1967 : victoire Peugeot 404 injection
-Tour d’Argentine :
- 1963 et 1965 : victoire Peugeot 404
Cet exemplaire unique de 404 se trouve au Musée de l’Aventure Peugeot.
2010 : les 50 ans de la 404
Le 8 mai 2010, la 404 a fêté ses 50 ans sur le circuit de Montlhéry, lieu de ses 40 records. 130 véhicules étaient présents, dont 70 Peugeot 404 ; ils ont pu tourner sur l’anneau dans une ambiance conviviale, rythmée par les nombreux klaxons musicaux. Anciennes, récentes, coupés, breaks, cabriolets…toutes les 404 étaient représentées et certains autres modèles étaient de la partie dont différents modèles de 403. En outre, la 404 fut à l’honneur lors de l’édition 2010 du Salon de l’Automobile de Paris : plusieurs version de 404 étaient exposées dans l’espace réservé aux anciennes.
Les 404 étaient également représentées à l’occasion de leur 50 ans, lors du Rétromobile 2011 et lors du grand rassemblement pour les 200 ans de Peugeot à Sochaux en mai 2010.