DeLorean DMC-12

La voiture de sport  « DMC-12 DeLorean« , plus communément appelée Dolorean puisqu’elle fut le seul modèle produit par l’entreprise, est emblématique pour ses apparitions cinématographiques, en particulier celle dans le film « Retour vers le futur ». La DMC-12, produite entre 1981 et 1983, devint une vedette grâce à ses portes en fibre de verre, auxquelles ont été fixés des panneaux en acier inoxydable brossé.

Histoire de la Delorean

Le projet de la Delorean commença en 1973 lorsque le vice-président de General Motors, John Zachary Delorean (1925-2005), quitta son poste et créa, à Détroit, l’année suivante, une société de conseil en ingénierie : « John Z. Delorean Corporation« . Son projet était de créer sa marque d’automobile et, plus précisément, de mettre au point la voiture que son ancien employeur avait refusé de produire en 1962.

Pour sa première création, qui devait s’appeler la « DeLorean Safety Vehicle » (DSV), il souhaitait une voiture de sport, avec moteur à l’arrière, une carrosserie inoxydable, des portières papillons à l’image des Mercedes-Benz de l’époque, caractérisée par une longévité (en contradiction avec les constructeurs de l’époque qui souhaitaient renouveler le parc auto tous les 5 ans), tout en insistant sur la sécurité des passagers et la préservation de l’environnement. Pour concrétiser son projet, John fit appel à l’ingénieur en chef de son ancienne entreprise et ancien ingénieur et dessinateur chez Pontiac : William Collins (il fut parmi ceux qui mirent au point la première GTO et le projet Trans-Am), alors très intéressé par le projet de la DMC-12.

Pour le châssis, les deux compères avaient imaginé utiliser la technologie « Elastic Reservoir Moulding« , pour laquelle ils avaient les droits d’utilisation,  afin de réduire le poids du véhicule et les coûts de construction ; cependant, cette technique ne pouvait être mise en œuvre sur une production de masse. Dans un premier temps, Collins demanda à Pioneer Engineering de réaliser une première maquette du cockpit ; finalement, dans un second temps, les deux hommes firent la connaissance de Giorgetto Giugiaro, à l’époque propriétaire et dessinateur de ItalDesign, qui accepta la proposition de dessiner la DMC-12. Côté conception, John et William se tournèrent vers Colin Chapman, fondateur et dirigeant de Lotus. La maquette dessinée par Giugaro fut terminée en 1975 et, en octobre, dans le Michigan, John D. créa la société « Delorean Motors Company« .

Chapman remplaça beaucoup des matériaux qui posaient des difficultés et imposa certaines techniques de fabrication de Lotus, expliquant notamment la présence de produits Lotus Esprit sur la Delorean tels que le châssis en forme de Y, la coque en matériaux composites et les suspensions. Toutes ces réflexion et réadaptation du concept retardèrent beaucoup la mise au point du prototype qui fut finalement dévoilé en mars 1976. A noter que ce prototype était doté d’un air-bag, inédit à l’époque.

A l’origine, l’automobile devait être dotée d’un moteur à piston rotatif type Wankel ; le premier prototype fut finalement équipé d’un 4 cylindres Citroën mais la solution définitivement retenue fut un moteur PRV V6 à injection, compte tenu des problèmes de développement du Wankel et du fait que le PRV était déjà certifié aux USA pour la pollution. Ce moteur, conçu par Peugeot, Renault et Volvo, fut monté sur le deuxième prototype qui vit le jour en 1977. Il est remarquable de constater que Delorean choisit un moteur V6 dont les performances étaient loin de pouvoir rivaliser avec les moteurs V8 montés dans les voitures de sports américaines concurrentes dite « Muscle Cars« .

A l’époque, la Delorean était un produit avant-gardiste, expliquant la permanence de sa fiabilité au XXIème siècle : pare-chocs à absorption et châssis déformable, freins à disque sur les quatre roues, climatisation, rétroviseurs et vitres électriques, injection, condamnation centralisée, intérieur cuir, jantes alliage et système audio am/fm,. A noter que la majorité de ces équipements était de série.

Concernant le lieu de production, John Delorean, n’ayant pas obtenu de financement de son pays, entama des négociations avec d’autres Etats tels que la France, l’Irlande du Nord et Porto Rico ; il choisit finalement l’Irlande du Nord, qui avait cruellement besoin d’emplois, et la construction de l’usine débuta en 1978 à Dunmurry, dans la région de Belfast. Compte tenu des tensions locales de l’époque, le Gouvernement de Grande Bretagne étant le principal investisseur de l’entreprise, imposa que John Delorean embauche pour moitié des employés protestants et pour moitié des employés catholiques. Le Gouvernement tentait alors de réduire les tensions en offrant le plein emploi.

En 1981, dès l’usine achevée, la construction de la Delorean commença et la  première DMC-12 sortit des lignes de production le 21 janvier. Au cours de sa production, plusieurs caractéristiques furent changées, comme le style du capot, des roues et de l’intérieur. A cette époque, la main d’œuvre ne manquait pas et l’usine pouvait facilement trouver les employés nécessaires pour fabriquer la Delorean ; cependant, en contrepartie, la main d’œuvre était peu qualifiée et la qualité s’en ressentit. Ainsi, les premiers modèles expédiés aux U.S.A. durent être, en partie, démontés puis ré-assemblés dans des « Quality centers » appelés « Quack ». La majorité de ces soucis furent résolus en 1982, ; à partir de là, les DMC-12 furent vendues avec une garantie de cinq ans ou 80 000 km.

Afin de pouvoir s’y retrouver, John Delorean avait pris soin de faire de la publicité et, à sa sortie, la Delorean fut bien accueillie ; toutefois, le principal marché pour la Delorean, à savoir le marché américain, ne suivit pas. En outre, Lotus avait mit plus de temps que prévu à finaliser le châssis et à obtenir l’homologation pourtant indispensable. Dès lors, les créanciers s’étaient impatientés et les dettes étaient devenues de plus en plus difficiles à honorer. John Delorean chercha donc de nouveaux financements.  Or, le Gouvernement de la couronne avait déjà financé l’activité à hauteur de 200 millions de dollars et attendait son retour sur investissement. John Delorean, ayant besoin à cette époque de 50 millions supplémentaires et prêt à tout, accepta de participer à un trafic de drogue. La transaction fut réalisée dans le Sheraton de L.A. ; or, ce que John ne savait probablement pas, c’est que le Federal Bureau of Investigation le surveillait de près et avait piégé la chambre d’hôtel. Dès lors, à peine sorti du Sheraton, John Delorean fut arrêté pour trafic de drogue et blanchiment d’argent.

Ainsi, fin 1982, l’entreprise fit faillite et les activités cessèrent ; la centaine de Delorean en cours d’assemblage fut reprise par « Consolidated International » qui termina de les monter ; cela explique pourquoi il est possible de trouver des modèles neufs jusqu’en 1983.

Malgré les charges, John bénéficia d’un non-lieu au motif qu’il avait été arrêté grâce à un piège tendu par le F.B.I. Par la suite, en dépit des poursuites incessantes menées par ses créanciers jusqu’à son décès, M. Delorean continua de rêver à d’autres projet tels celui de mettre au point une nouvelle voiture et une montre.

En 1983-1984, les stocks de pièces d’usine, du service de garantie de même que les pièces fabriquées par les sous-traitants et non livrées, furent envoyées à Columbus (Ohio), pour ensuite être vendues par correspondance, au détail et en gros, par l’entreprise K.A.PA.C.

En 1995, un entrepreneur texan appelé Stephen Wynne créa une société nommée « DeLorean Motor Company of Texas » ; en 1997, il récupéra le stock de pièces restantes de « DeLorean Motor Company« , de même que les droits sur les noms et logos. Via cette entreprise, toutes ces pièces et droits furent rattachés à K.A.P.A.C. Le premier établissement fut ouvert en 2008 à Houston au Texas et permit l’assemblage de nouveaux exemplaires, la création de pièces sur mesure et le remplacement de pièces détachées d’origine. Les autres installations sont actuellement situées à Bonita Springs en Floride, à Crystal Lake dans l’Illinois, à Bellevue dans le Washington, à Garden Grove en Californie et à Hem au Pays-Bas. Cette récupération d’une partie du patrimoine de Delorean permit de mettre à disposition 99% des pièces de l’automobile, garantissant sa longévité souhaitée par son créateur.

8 583 DMC-12 furent assemblées avant que la production ne s’arrêtât fin 1982 :  6 539 exemplaires en 1981, 1 126 unités en 1982 et 918 en 1983. Aujourd’hui, entre 6 000 et 7 000 DeLorean Motor Cars sont estimées encore roulantes.

Les caractéristiques techniques

La Delorean est un coupé sportif 2 portes, dotée d’un moteur essence PRV V6 12 soupapes, placé à l’arrière. Le moteur, qui devait être un V8 à l’origine, a un angle d’ouverture peu usuel pour un V6, de 90°. L’alésage est de 91 mm avec une course de 73 mm. Sa cylindrée est de 2 851 cc pour une puissance maximale de 132 ch. L’injection est une Bosch K-Jetronic et le catalyseur était d’office installé pour l’exportation aux U.S.A. Le rendement n’est finalement que de 8,8:1 et le moteur développe 130 ch à 5 500 tr/mn ; le couple est de 22 Mkg, disponible à 2 750 tr/mn.

La boîte de vitesse, manuelle, offre 5 rapports en position transaxiale (70 % des ventes) ; elle existe également en version automatique, boîte ZF à 3 rapports.

Le poids de l’automobile est de 1 230 kg et sa vitesse maximale se situe entre 195 et 210 km/h. Elle met 9,5 s pour passer du 0 à 100 km/h et sa consommation moyenne se situe entre 10 et 20 l/100 km. Le système de freinage est à disque : 254 mm à l’avant et 267 mm à l’arrière. La transmission est à l’arrière et la dimension des roues est de 6″ x 14″ à l’avant et 8″ x 15″ à l’arrière, avec des pneumatiques Radial Goodyear NCT.

Le châssis de l’automobile est fait de fibre de verre et d’acier inoxydable « inox 304 austénitique » dont la particularité est d’être non magnétique ; très peu répandu dans l’industrie automobile, cet acier vaut 5 fois plus cher que l’acier classiquement utilisé.  Cependant, DeLorean faisait des économies au niveau de la peinture. Les dimensions sont 4,216 m de long, 1,857 m de large et 1,140 m de haut. L’empattement est de 2,413 m.

Le réservoir de 51 l ne donne pas une grande autonomie à la Delorean et la rend encore moins compétitive compte tenu des autres voitures du marché à l’époque (Nissan 280 ZX, Porsche 928, Corvette…).

Certaines versions de la Delorean furent par la suite dotées d’un, et de même deux turbos, par des conducteurs jugeant que la Delorean auraient dû dépasser ses maigres 130 ch. D’ailleurs, les caractéristiques de son châssis démontrent que la Delorean avait vocation à être une véritable voiture de sport.

La carrosserie de la Delorean

La carrosserie en inox est LA particularité de la Delorean : inédit sur une voiture, certains ont rapidement été séduits. Aujourd’hui, la Delorean est certainement la seule ancienne qui ne rouille pas et qui ne rouillera jamais. Cependant, cette carrosserie avait aussi des inconvénients : en effet, si elle est brillante elle est aussi fragile. La pluie et le soleil ternissent son éclat et il est très aisé de la tâcher : ainsi, les traces de doigts, très délicates à faire partir, ont rapidement été la hantise des propriétaires. Certains sont allés jusqu’à faire peindre leur voiture. Seul problème : la peinture a beaucoup de mal à accrocher sur l’inox et les résultats n’étaient pas satisfaisant.

D’autres propriétaires plus chanceux, trois au monde, n’ont pas eu ces problèmes puisqu’ils détiennent une Delorean plaquée or 24 carats. Cette version a été produite juste avant la faillite de l’entreprise et a été conçue à la demande d’American Express. Il avait même été envisagé d’en produire 100 exemplaires avec 85 000 dollars américains pour le supplément peinture.

La Delorean dans les films

C’est la trilogie de « Retour vers le futur » qui rendit particulièrement célèbre la Delorean. Cependant, elle apparut dans d’autres longs métrages parmi lesquels Rocky, Le flic de Beverly Hills, The Wedding Singer et Matlock ; elle fit également des apparitions dans des séries comme 2 flics à Miami, Cold Case et Matt Houston, dans des documentaires ou autres séries qui n’ont pas franchi les frontières.

 

En conclusion, la Delorean n’a pas pu être le succès que son créateur espérait, malgré toutes les qualités et nouveautés qui caractérisaient son automobile ; avant-gardiste, confortable, tenue de route satisfaisante, châssis dynamique, moteur robuste et fiable. En effet, certains défauts se révélèrent par la suite, entachant l’image de la Delorean : ainsi, les portes papillons ont rapidement été défaillantes (mécanisme, infiltrations…), la carrosserie en inox révéla ses défauts d’entretien, moteur trop peu puissant ou encore défaillance du circuit électrique caractérisé par un nombre important de fonctions électriques peu fiables.

Aujourd’hui, Delorean Motor Compagny of Texas a annoncé qu’une Delorean Electrique devrait voir le jour d’ici 2012 : cette version « tout électrique » devrait être mise au point avec le constructeur Epic EV spécialisé dans l’automobile électrique.

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