La bonnification des automobiles avec l’âge

En février 1986, l’édito du magazine Auto-moto Rétro se présentait ainsi :

« Il y a quarante ans, l’espoir…

1986, 1946 : il y a quarante ans, l’automobile ressuscitait des ruines de la guerre. Elle nous revenait profondément changée, plus populaire et plus rationnelle tout à la fois. Jamais sans doute les français ne manifestèrent autant de passion pour la « vie automobile » qu’à cette époque. Comme si rien n’avait changé : le premier Salon de Paris de l’après-guerre retrouva sa foule habituelle dès le mois d’octobre 1946. On le surnomma bientôt le « Salon de l’espoir ». A juste titre… en dépit des difficultés de l’heure, nos constructeurs avaient fait preuve d’un optimisme réconfortant. Durant l’occupation, ils furent nombreux à tenter d’imaginer l’avenir, pour mieux préparer l’avènement de la « Motorisation de Masse ».

La 4 CV Renault apparaît logiquement comme le symbole de cette nouvelle ère si prometteuse. D’autres modèles survinrent, de l’insolite Dyna Panhard, rassurante; à la Peugeot « 203 », en passant par la géniale Berline GREGOIRE 2l. Chaque « nouveauté » française devait ainsi faire l’objet de controverses passionnées dans l’opinion. Mais pour l’immense majorité, l’automobile allait enfin devenir accessible. Ce n’était pas rien…

Quarante ans plus tard, nos nouveaux modèles ne font plus guère tourner des têtes. Et nos « Salons » désormais biennaux, ne suscitent plus la passion. L’ « accessible » est devenu trop « courant » sans doute. On rêvait, jadis, devant la Ford Vedette ; on ne consacre aujourd’hui à la Renault « 25 » turbo qu’un coup d’œil furtif.

La « motorisation de masse » a fait place à la « saturation de masse ». L’administration s’est mise en devoir de taxer et d’encadrer nos rêves entre temps. Quant à nos constructeurs, ils s’efforcent de survivre et s’épuisent au jeu de l’innovation permanente. Bref, c’est l’impasse.

Conclusion : et si l’on revenait au « Salon de l’espoir » en attendant des jours meilleurs ?… « 

Auto-rétro.

voitures anciennes
Publicité Peugeot pour la 206, reprenant le toit de l’Eclipse

Cette réflexion date de 1986. Qu’en est-il aujourd’hui ? Cette démonstration n’est-elle pas tout à fait d’actualité ? En effet, combien de publicités aujourd’hui, tous produits confondus, se servent de véhicules anciens pour faire la promotion de leur produit ?

  • Une Ducati 750 SS pour Chanel
  • Une Innocenti jaune pour la pub Citroen C3 Collection
  • Une rétrospective de tous les produits Peugeot depuis leur début dans la pub « Motion Emotion »
  • Une belle verte dans la publicité Citroen C4 Picasso
  • Le toit de l’Eclipse reprit par Peugeot pour la 206 cabriolet

etc…

La Ducati 750 SS de la publicité Chanel

Nos voitures d’aujourd’hui auraient-elles perdu leur charme, leurs lignes, leurs particularismes et leur caractère ? Nos Berlines n’ont-elles pas laissé leur individualité au placard, leur couleur gaie pour du gris, du bleu gris, du gris bleu, du noir, du vert pâle, du blanc ?

Peut-être le progrès et les politiques sécuritaires font partie des responsables : pare-chocs intégrés imposants, courbes aérodynamiques pour l’optimisation du rapport vitesse/consommation, une taille/forme de volant conditionnées par l’intégration d’air-bag… qui font que bon nombre de nos automobiles se ressemblent et se confondent.

Si ce constat était déjà fait dans les années 1980, qu’il peut être fait aujourd’hui, qu’en sera-t-il dans 20 ou 30 ans ? Allons-nous enfin jeter l’uniformisation pour un retour à la diversité, au caractère et à la différenciation ? Ou sommes-nous simplement d’éternels nostalgiques ?

Et vous, qu’en pensez-vous ?

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